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Une seule santé pour le monde du vivant

Les années 2005-2006 furent marquées par la grippe aviaire H5N1. Afin de lutter contre l’Influenza aviaire, l’antibiorésistance et la rage qui sévit encore dans de nombreux pays, une alliance a alors vu le jour entre l’OIE, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et l’Organisation des Nations Unies pour la Santé (FAO). Cette alliance tripartite s’est basée sur le concept One Health.

Pour en savoir plus, nous avons rencontré Jean-Luc Angot, co-président du groupe OneHealth pour le Plan National Santé-Environnement 2021-2025.

Le concept OneHealth, initialement lié à la santé animale et humaine, s’est récemment étendu à la santé des écosystèmes avec la participation du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE). Un groupe de travail d’experts a alors été mis en place : le One Health Hight Level Expert Panel (OHHLEP). En décembre 2021, sa première initiative a été d’actualiser et de proposer une définition officielle de One Health :


« One Health/Une seule santé est une approche intégrée et fédératrice qui vise à équilibrer et optimiser durablement la santé des personnes, des animaux et des écosystèmes. Elle reconnaît que les santés des humains, des animaux domestiques et sauvages, des plantes et de l'environnement au sens large (y compris les écosystèmes) sont étroitement liées et interdépendantes. L'approche mobilise de multiples secteurs, disciplines et communautés à différents niveaux de la société pour travailler ensemble à améliorer le bien-être et à lutter contre les menaces pour la santé et les écosystèmes, tout en répondant au besoin collectif d'eau, d'énergie et d'air propres, d'aliments sains et nutritifs, en prenant des mesures contre le changement climatique et en contribuant au développement durable. ».


L’initiative PREZODE – pour la prévention des futures pandémies

La promiscuité humain – animal pose une réelle problématique de risque de franchissement de la barrière d’espèce, et le programme PREZODE (Preventing Zoonotic Disease Emergence ) a pour vocation la prévention de futures crises et la limitation de l’impact économique. Créé à l’initiative de la France, PREZODE regroupe aujourd’hui plus de 140 signataires dont 120 organismes de recherche et d’universités de plus d’une cinquantaine de pays.


Au niveau local, le programme PREZODE vise à travailler avec les organismes de recherche ainsi qu’avec les sentinelles éleveurs et vétérinaires terrain qui peuvent agir en amont pour éviter le franchissement de cette barrière. Ces travaux sont primordiaux face aux maladies infectieuses humaines dont 60 % sont d’origine animale. On estime que 75 % des maladies émergentes le sont également, et que ces chiffres ne peuvent qu’augmenter avec le déplacement de personnes et de marchandises, le réchauffement climatique et la perte de biodiversité.

Les pandémies d’origine zoonotique ne sont pas nouvelles. On peut citer de nombreux cas. En Malaisie, la déforestation a amené des chauves-souris à se rapprocher délevages porcins qui ont servi d’intermédiaires au virus Nipah, avant sa transmission à l’Homme. Même cas de figure avec des élevages de visons au Danemark. Et n’oublions pas Ebola, le Sida, la fièvre de West Nile ou encore les maladies vectorielles (Chikungunya, Zika etc.).


Jean-Luc Angot précise : « Le projet One Health comporte un volet national et une dimension mondiale, et il convient maintenant de développer l’Europe de la santé, qu’il y ait davantage de synergies entre les différentes directions. De la même manière qu’il faut plus d’interministérialité au niveau national, un travail plus collaboratif et commun au niveau européen rest indispensable ».


Le volet de l’antibiorésistance

Le concept One Health concerne également l’antibiorésistance. Il n’est pas impossible que les prochaines épidémies puissent être d’origine bactérienne multirésistante aux antibiotiques. En France le plan ECOANTIBIO a permis de diminuer l’utilisation d’antibiotiques en élevage. En 2006, l’union Européenne a interdit l’utilisation des antibiotiques à des fins zootechniques. Cette pratique reste hélas encore la norme dans beaucoup pays (Amérique du Nord et du Sud, etc.). On sait aujourd’hui que c’est une des raisons majeures de l’augmentation de l’antibiorésistance. Des études britanniques estiment même que les bactéries multirésistantes pourraient entraîner la mort de plusieurs millions de personnes à brève échéance.


La COVID-19 : un bon exemple de l’application One Health

La crise de la COVID-19 a démontré l’importance d’inclure le monde vétérinaire dans la gestion de crise. La famille des Coronavirus, découverte sur la volaille en 1931 par un vétérinaire, est bien connue du monde vétérinaire. De plus, la médecine humaine est axée sur l’individu là où les sciences vétérinaires sont tournées vers l’épidémiologie des populations. Pour la réalisation des Test-PCR les laboratoires vétérinaires étaient déjà équipés d’automates capables d’effectuer des analyses en grande quantité, automates usuellement utilisés pour le contrôle de troupeaux. Malheureusement, par manque de transversalité entre ces deux spécialités, il y a eu un temps de latence avant que les vétérinaires ne soient autorisés à réaliser ces analyses. De la même manière, il a fallu négocier pendant plus d’un an avant qu’un vétérinaire intègrer un le conseil scientifique piloté par le Professeur Delfraissy.

Pour Jean-Luc Angot, « Ces différentes crises ont démontré la nécessité, si l’on souhaite préserver la santé de l’Homme en matière de maladie infectieuse, d’avoir une surveillance extrêmement étroite des populations réservoirs animaux aussi bien domestiques, d’élevage et de compagnie, que sauvages ».

L’approche One Health regroupe toutes les disciplines pour faire face aux nouvelles menaces et instaurer un travail collaboratif. Médecins, vétérinaires, écologues, agronomes mais aussi mathématiciens et physiciens pour les modélisations et sociologues pour l’apport de l’aspect sociologique doivent être inclus dans ce projet.

Cette prise de conscience a été accélérée par la crise sanitaire COVID-19. Il faut maintenant rester vigilant - même en temps de paix sanitaire - pour prévenir et limiter les futures crises.


Et Jean-Luc Angot de conclure : « Le fondement du concept One Health est de parvenir à mettre en avant, et nous l’avons constaté avec la crise COVID, l’unicité de la vie d’un côté et la complexité du vivant de l’autre, nécessitant des approches interdisciplinaires »



Alice Moreau




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