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MALADIE DE FABRY : LES FEMMES SONT-ELLES INSUFFISAMMENT TRAITEES ?

ÉTUDE OBSERVATIONNELLE ISSUE DU REGISTRE ESPAGNOL


Introduction Il est maintenant admis que les femmes ne sont pas seulement « porteuses » ou « conductrices » de la maladie de Fabry (MF) mais qu’elles peuvent développer les symptômes de la maladie, en général à un âge un peu plus tardif que les hommes. Du fait que les femmes aient 2 chromosomes X et en raison d’une inactivité parfois déséquilibrée du chromosome X, les phénotypes développés par les femmes sont variables, allant de tableaux asymptomatiques à des formes identiques aux hommes. Les auteur·rices de cette étude ont analysé les données d’un registre espagnol recensant des cas de femmes avec MF.


Méthode Entre novembre 2020 et avril 2021, 97 dossiers de femmes avec un variant du gène GLA ont été inclus dans cette étude. Leurs caractéristiques cliniques, génétiques, biologiques et leurs éventuels traitements spécifiques ont été collectés de manière rétrospective.

Résultats et discussion

Quatre-vingt-dix-sept femmes ont donc été recensées, d’âge moyen 50,1 ± 17,2 ans et avec un recul moyen de 52,9 ± 47,9 mois entre le diagnostic et la dernière visite de suivi (ou le décès).

  • 68 (70,1 %) femmes avaient été diagnostiquées dans le cadre d’un dépistage familial et 39 (40,2 %) avaient un variant rapporté à une forme classique de MF.

  • 83,5 % avaient au moins un signe ou symptôme clinique, 50 % avaient un LysoGb3 élevé et 54,6 % étaient porteuses d’au moins une comorbidité (hypertension, diabète ou obésité).

  • 6 femmes avaient un variant de signification indéterminée et ont été exclues des analyses suivantes.

  • Les femmes avec un variant associé à un phénotype classique avaient plus souvent un LysoGb3 élevé (p<0,001).

  • Les femmes traitées avaient plus souvent un variant associé à un phénotype classique (p<0,001), un LysoGb3 élevé (p<0,001) et au moins une comorbidité (p=0,032).

  • De manière attendue, les femmes avec un variant associé à un phénotype classique avaient plus souvent des signes ou symptômes extra-cardiaques : neurologiques périphériques (dont acroparesthésies), ophtalmologiques (dont cornée verticillée) et cérébrovasculaires (p<0,001, p<0,001 et p=0,017 respectivement).

  • La présence d’angiokératomes étaient par contre comparable dans les 2 groupes (p=0,195).

  • Elles avaient également plus souvent une atteinte cardiaque (p=0,046).

  • Les femmes bénéficiant d’un traitement spécifique de la MF avaient plus souvent des signes ou des symptômes (p=0,014), en particulier ophtalmologiques, cardiaques, dermatologiques et cérébrovasculaires.

  • Cependant, une proportion non négligeable de femmes non traitées présentait une atteinte clinique de la MF (76,7 %), y compris une atteinte d’organe : 22 femmes avaient une atteinte cardiaque, 11 une atteinte rénale et 3 une atteinte cérébrovasculaire.


Les auteur·rices soulignent que selon les recommandations d’expert·es dans la MF (on pourrait rajouter le PNDS français), ces patientes porteuses d’une atteinte d’organe due à la MF sont éligibles à un traitement spécifique, le plus précoce possible afin d’éviter la survenue de lésions irréversibles.

Bien que le caractère rétrospectif de cette étude ne permette pas d’affirmer que les atteintes étaient en lien avec la MF pour toutes les patientes ou que certaines n’avaient pas refusé un traitement spécifique, il semble qu’une proportion non négligeable de femmes ne soient pas suffisamment traitées.

Conclusion Cette étude descriptive de presque 100 femmes atteintes d’une maladie de Fabry suggère que les femmes, même avec une atteinte d’organe, ne sont pas suffisamment et systématiquement traitées, malgré les récentes recommandations. Une attention particulière aux critères menant à mettre en place un traitement spécifique doit être portée chez les femmes avec une MF.



Dr Hélène Maillard



source : The Spanish Fabry women study: a retrospective observational study describing the phenotype of females with GLA variants Sánchez Rosario et al. Orphanet Journal of Rare Diseases 2022; 18(1): 8

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