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COVID-19 et angioedème héréditaire

Les relations entre angioedème héréditaire (AOH) et infection à SARS-COV2 sont encore d’actualité. Même si les arguments s’accumulent pour penser que les patients atteints d’AOH ne sont pas plus à risque de COVID-19 grave, le rôle central de la protéine ACE2 qui est la porte d’entrée du virus et qui dégrade les kinines continue à interroger sur ces interactions et notamment sur le rôle des traitements spécifiques de l’AOH.

Dans cette étude de grande envergure, 870 patients atteints d’AOH dont 695 type 1 et 2 et 175 à C1INH normal et 292 contrôles ont été inclus. Le taux d’infection à SARS-COV2 était de 11% dans les type 1/2, 9% chez les contrôles et de 19% dans les AOH à C1 INH normal (p=0.006).


Les facteurs associés à une infection à SARS-COV2 étaient :

  • un âge plus jeune

  • un poids plus élevé

  • la présence d’une maladie autoimmune (dans les types 1/2)

  • et un taux plus élevé de crises d’AOH (dans les types 1/2).

Un résultat très intéressant était que les patients traités par C1 INH sc avaient moins de COVID-19 que les autres (7/126 (5.6%) vs 62/521 (12%) dans le groupe d’AOH de type 1/2 mais pas dans les AOH à C1 INH normal. A noter que le C1 INH iv ou recombinant ne donnaient quant à eux pas de résultats significatifs.


Il n’y avait pas d’impact significatif dans cette étude des autres traitements prophylactiques. Les patients AOH de type 1/2 qui prenaient de l’icatibant à la demande avaient également moins d’infection à SARS-COV2 (8% vs 16%). Cette différence disparaissait dans le groupe AOH à C1 INH normal et avec les autres traitements à la demande. Les patients AOH de type 1/2 sans aucun traitement avaient un taux d’infection de 25% !

L’explication pour cet apparent effet protecteur du C1 INH sc dans le groupe AOH de type 1/2 n’est pas aisée à formuler. Il est possible qu’assurer un taux de C1 INH relativement constant au cours du temps puisse être protecteur. Pour l’icatibant, une des explications serait dans l’interaction entre le système kallicréine tissulaire, le système contact, le complément et la coagulation.


Confirmant des études antérieures, il n’y avait pas de complications plus sévères dans le groupe des patients AOH vs contrôles et il y avait même moins d’asthénie chez les patients AOH de type 1/2.


Au total, cette étude confirme que l’AOH ne constitue pas en tant que tel un facteur de risque de forme grave de COVID19. De manière très intéressante, l’utilisation de C1 INH sc et d’icatibant chez les patients AOH de type 1/2 était associée à un taux moindre d’infection à SARS COV2, argument supplémentaire en faveur du rôle du complément et de la kallicréine tissulaire dans la COVID-19.



Pr David LAUNAY




Veronez Camila Lopes, Christiansen Sandra C, Smith Tukisa D, Riedl Marc A, Zuraw Bruce L.


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