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Utilisation des psychédéliques en addictologie : enjeux, efficacité et limites actuelles

Lors de la session Addictologie et Médecine Psychédélique des « Journées Neurosciences Psychiatrie Neurologie 2023 », le Dr Bruno Roméo, psychiatre, addictologue à l’hôpital Paul Brousse (Villejuif), a fait le point sur l'utilisation des psychédéliques en addictologie.



Dans les troubles de l’usage de l’alcool, un essai randomisé contrôlé, publié en 2022 dans le JAMA Psychiatry [2], a montré que la psilocybine (la substance psychoactive contenue dans les champignons hallucinogènes) pourrait contribuer à réduire la consommation d'alcool chez les personnes alcoolodépendantes. Cependant, le Dr Bruno Roméo nuance et explique que si « la psilocybine a potentiellement une efficacité dans le trouble de l’usage à l’alcool. Ces résultats sont toutefois à tempérer en raison de la population incluse dans cette étude qui n’est pas celle qui fréquente nos services d’addictologie.


Les patients à l’entrée dans l’étude avaient moins de 60% de jours de forte consommation ». Concernant l'intérêt de la psilocybine dans le sevrage tabagique, une étude pilote réalisée sur 15 patients [3] montre que la prescription de psilocybine associée à une thérapie cognitivo-comportementale (TCC) entraine une diminution très importante de la consommation de tabac, passant de plus de 15 cigarettes par jour à une ou 2 cigarettes avant de remonter à 6 cigarettes. Ainsi, « les psychédéliques sont plutôt efficaces en addictologie mais il y a des limites de différentes natures à leur utilisation », explique le Dr Bruno Roméo. L’une d’elle est sociétale : « les médecins pensent que les psychédéliques sont assez dangereux (...) et 50% des médecins français pensent que les psychédéliques n’ont pas de potentiel thérapeutique ». L'autre limite à l’utilisation des psychédéliques est d’ordre méthodologique. « En raison de l’effet des psychédéliques, dans les études, 9 participants et 9 médecins sur 10 savent ce qu’ils ont pris ou donné. C’est une limite très importante. Aujourd’hui, on ne sait pas faire d’études correctes en double aveugle », souligne le Dr Bruno Roméo.


En conclusion, pour le psychiatre, les psychédéliques paraissent prometteurs en addictologie mais il est nécessaire d’informer les professionnels de santé, les pouvoirs publiques et la société en général pour balayer les idées reçues.


Author: Dr Emmanuel GROSS


Références :


[1].  Utilisation des psychédéliques en addictologie : où en sommes-nous ?.  ‐ Medscape. Vendredi 1er août. https://francais.medscape.com

[2].  Percentage of Heavy Drinking Days Following Psilocybin-Assisted Psychotherapy vs Placebo in the Treatment of Adult Patients With Alcohol Use DisorderA Randomized Clinical Trial.  ‐ JAMA Psychiatry. 2022;79(10):953-962 

[3].  Long-term follow-up of psilocybin-facilitated smoking cessation.  ‐ Am J Drug Alcohol Abuse. 2017 Jan;43(1):55-60


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