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SI LES POLITIQUES OPTAIENT POUR LA PREVENTION CARDIOVASCUALAIRE, LA PLANETE CHAUFFERAIT MOINS VITE !

Dans un article qui vient d’être publié cette semaine, les principaux responsables mondiaux des cohortes cardiovasculaires ont regroupé leurs efforts pour lancer un message aux autorités politiques. L’hospitalisation coûte de plus en plus cher et les soins des derniers jours de la vie sont à des prix exorbitants… Il est désormais clair que les pays en voie de développement ne choisiront pas cette voie et que les pays occidentaux ne pourront plus se permettre d’attendre les phases symptomatiques des maladies car ces sociétés ne pourront plus supporter les coûts d’une population vieillissante.



Tout avait été dit sur l’athérosclérose en 1913 par le Russe Anichkov ; l’athérosclérose est une maladie progressive qui débute très tôt et dont les manifestations cliniques sont très tardives. Il est donc facile de prévoir l’évolution clinique et de prendre des décisions préventives et thérapeutiques très en amont de l’hospitalisation. Dès les années 60 aux États-Unis et un peu plus tard en Europe de l’Ouest, les auteurs ont montré que l’athérosclérose vasculaire était expliquée en partie par des facteurs de risques dits classiques et principaux qui pouvaient être mesurés et évalués facilement chez tous les individus.

Dans un article majeur publié cette semaine, les principaux responsables des différentes cohortes cardiovasculaires ont mis en commun leur matériel scientifique pour décrire la situation mondiale de manière claire et limpide. Les données individuelles des sujets ont été regroupées en une seule base comportant 1 518 028 individus répartis dans 34 pays et dans 8 zones géographiques.


Les auteurs ont ciblé 5 facteurs de risque modifiables c’est-à-dire 5 facteurs qui pouvait être dépistés facilement et traités facilement en amont des événements cardiovasculaires. Il s’agit du tabagisme, de la pression artérielle systolique, du LDL cholestérol, du diabète, et de l’indice de masse corporelle. Deux types d’événements ont été enregistrés dans le suivi, les événements cardiovasculaires, coronariens et cérébraux, et la mortalité totale. À partir de ces facteurs de risque et des événements cardiovasculaires ou de la mortalité totale enregistrés, les auteurs ont calculé la fraction attribuable en population générale, c’est-à-dire la proportion des événements cardiovasculaires ou de la mortalité totale qui pouvait être évitée si l’on traitait convenablement ces 5 facteurs de risque cardiovasculaires.


Les 8 zones géographiques étaient les suivantes : l’Amérique du Nord, l’Amérique latine, l’Europe de l’Ouest, l’Europe de l’Est et la Russie, l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient, l’Afrique Sub-saharienne, l’Asie et l’Australie. Sur l’ensemble des 1 518 028 participants, l’indice de masse corporelle est à 26,4 kg par mètre carré, la pression artérielle systolique est à 130 mm de mercure, le non-HDL cholestérol est à 157 mg par décilitre, le tabagisme est à 22 % et le diabète était de 8,3 %. L’indice de masse corporelle le plus élevé est en Amérique du Sud à 28,2 kg par mètre carré. La pression artérielle systolique est la plus élevée en Europe de l’Ouest à 134 mm de mercure. Le non-HDL cholestérol est le plus élevé en Europe de l’Ouest à 163 mg par décilitre. Le tabagisme est le plus élevé en Amérique du Sud à 31 % et le diabète est le plus élevé en Afrique du Nord et au Moyen-Orient à 18,3 %.


Le suivi pour les éléments cardiovasculaires est en moyenne de 7,3 ans et le suivi pour la mortalité totale est en moyenne de 8,7 ans. Les événements cardiovasculaires sont les plus élevés en Amérique du Nord et la mortalité totale est la plus élevée en Afrique Sub-saharienne. Il existe une relation linéaire parfaite entre le niveau de la pression artérielle systolique et le LDL cholestérol d’une part et les événements cardiovasculaires d’autre part. Pour la mortalité totale, il existe une courbe en J ou une courbe en U pour l’indice de masse corporelle et le LDL cholestérol ; en d’autres termes, la mortalité totale est élevée pour les indices de masse corporelle les plus bas et pour les indices de masse corporelle les plus élevés ; la mortalité totale est la plus élevée pour les valeurs les plus élevés du LDL cholestérol et la mortalité totale commence à ré-augmenter pour LDL cholestérol inférieur à 70 mg par décilitre.


Pour les événements cardiovasculaires, 57,2 % des événements chez les femmes et 52,6 % des événements chez les hommes pourraient être évités si l’on prenait en charge convenablement les 5 facteurs de risque modifiables. Pour la mortalité totale, 22,2 % des décès pourraient être évités si l’on prenait en charge les facteurs de risque modifiables chez la femme et 19,1 % des décès pourraient être évités si l’on prenait en charge les facteurs de risque modifiable chez l’homme. Si l’on observe la variation dans les 8 zones géographiques mondiales, c’est en Afrique du Nord et au Moyen-Orient que plus de 60 % des événements cardiovasculaires pourraient être évités si l’on prenait en charge les facteurs de risque ; c’est aussi dans les pays en voie de développement que la mortalité totale pourrait être la plus impactée si on traitait convenablement les facteurs de risque modifiables.



En résumé, avec simplement 5 facteurs de risque modifiables, plus de 50 % des événements cardiovasculaires pourraient être évités et on imagine rapidement le nombre d’hospitalisations qui pourraient être supprimées et la quantité astronomique de matériel médical qui ne serait pas utilisée. À l’heure des alertes climatiques et des scénarios catastrophiques annoncés chaque jour dans les médias, le domaine de la santé a entre les mains une arme redoutable pour refroidir la planète à moindre coût !



Professeur Jean Ferrières – Fédération de cardiologie CHU de Toulouse




Référence: Global Cardiovascular Risk Consortium; Magnussen C, Ojeda FM, Leong DP, Alegre-Diaz J, Amouyel P, Aviles-Santa L, De Bacquer D, Ballantyne CM, Bernabé-Ortiz A, Bobak M, Brenner H, Carrillo-Larco RM, de Lemos J, Dobson A, Dörr M, Donfrancesco C, Drygas W, Dullaart RP, Engström G, Ferrario MM, Ferrières J, de Gaetano G, Goldbourt U, Gonzalez C, Grassi G, Hodge AM, Hveem K, Iacoviello L, Ikram MK, Irazola V, Jobe M, Jousilahti P, Kaleebu P, Kavousi M, Kee F, Khalili D, Koenig W, Kontsevaya A, Kuulasmaa K, Lackner KJ, Leistner DM, Lind L, Linneberg A, Lorenz T, Nakrem Lyngbakken M, Malekzadeh R, Malyutina S, Mathiesen EB, Melander O, Metspalu A, Miranda JJ, Moitry M, Mugisha J, Nalini M, Nambi V, Ninomiya T, Oppermann K, d'Orsi E, Pająk A, Palmieri L, Panagiotakos D, Perianayagam A, Peters A, Poustchi H, Prentice AM, Prescott E, Risérus U, Salomaa V, Sans S, Sakata S, Schöttker B, Schutte AE, Sepanlou SG, Sharma SK, Shaw JE, Simons LA, Söderberg S, Tamosiunas A, Thorand B, Tunstall-Pedoe H, Twerenbold R, Vanuzzo D, Veronesi G, Waibel J, Wannamethee SG, Watanabe M, Wild PS, Yao Y, Zeng Y, Ziegler A, Blankenberg S. Global Effect of Modifiable Risk Factors on Cardiovascular Disease and Mortality. N Engl J Med. 2023 Aug 26. doi:10.1056/NEJMoa2206916.

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