Immunothérapie et neuropathie motrice multifocale : une possible aggravation en cas de traitement par les inhibiteurs du checkpoints associés à une corticothérapie ?
- Dr Philippe Tellier
- 5 nov.
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Les inhibiteurs des points de contrôle immunitaire (ou immune checkpoint inhibitors, ICI), tels les anticorps anti–PD-1 et anti–CTLA-4, améliorent significativement le pronostic de nombreux cancers avancés (mélanome, lymphome hodgkinien, etc.).
Cependant, ils induisent fréquemment des effets indésirables auto-immuns (dits aussi immune-related adverse events, irAE) qui touchent notamment le système nerveux périphérique (4–12 % des patients selon les séries et les associations médicamenteuses).
La neuropathie motrice multifocale (NMM) est une maladie auto-immune rare médiée par des anticorps IgM anti-GM1. Son traitement repose principalement sur les immunoglobulines administrées par voie intraveineuse (IVIg). Les corticoïdes sont inefficaces, voire nocifs.

Les essais cliniques ayant largement exclu les patients atteints de maladies auto-immunes, les interactions entre ICI et NMM sont peu documentées, ce qui fait tout l’intérêt d’un cas clinique, celui d’un homme de 72 ans, suivi pour une MMN, qui a développé un mélanome métastatique. Les ICI (deux cycles d’ipilimumab/nivolumab) ont aggravé le NMM et les corticoïdes administrés par voie IV ont amplifié la dégradation neurologique, au point que le patient s’est retrouvé en fauteuil roulant.
Le sevrage des corticoïdes, associé à des perfusions d’IVIg (2 g/kg toutes les 2 semaines), a permis une amélioration fonctionnelle et une récupération partielle de la force musculaire.
Les auteurs rappellent que la majorité des irAE sont traités par les corticoïdes IV à haute dose, mais que cette stratégie est inadaptée en cas de NMM, où elle peut accélérer la dégradation motrice. Les IVIg constituent une option thérapeutique clé dans un tel contexte neurologique.
Commented by : Dr Philippe Tellier