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Bactéries intra-tumorales et résistance à la gemcitabine


La symbiose bactéries-tumeurs émerge comme un facteur de résistance au traitement anticancéreux .Le remarquable travail de Leore Geller et de son équipe a permis de mettre en évidence la sécrétion de facteur de résistance à la chimiothérapie par certaines bactéries fréquemment présentes dans les tumeurs humaines. Ce travail permet d’avancer dans la prise en charge efficace de ces tumeurs d’une manière étonnamment simple et inattendue : en associant un antibiotique à la chimiothérapie. Qu’en penserait Alfred Nobel ?

Cet article (1) publié dans la revue Science en septembre 2017 démontre que des bactéries colonisant certains types de cancers peuvent participer à la résistance à des drogues de chimiothérapie comme la gemcitabine. Malgré des améliorations considérables dans le traitement et le pronostic des cancers, la résistance aux traitements demeure un problème majeur de santé publique. Plusieurs équipes ont rapporté l’importance de cellules non cancéreuses du micro environnement tumoral dans la résistance aux traitements (2).

En partant de ce constat, l’équipe du Pr Straussmann au Weizmannn Institute en Israël, a pu montrer que la culture de cellules dermiques avec des cellules de cancer du côlon induisait une résistance à la gemcitabine des cellules cancéreuses. De manière intéressante, cette résistance était aussi conférée par le milieu secrété par les cellules dermiques.

Des analyses génétiques ont pu alors démontrer la présence d’un pathogène, le Mycoplasma Hyorhinis dans le milieu de ces cellules. Les auteurs ont ensuite pu démontrer que cette bactérie possédait une enzyme capable de dégrader la gemcitabine et l’incubation de ces mycoplasmes avec de la gemcitabine a résulté en la dégradation en métabolite inactif de cette drogue. Ils ont aussi pu montrer que ces mycoplasmes ne sont pas les seules bactéries à posséder cette enzyme, et que par exemple, certaines souches de E. Coli la possédent aussi. Ils ont alors utilisé un modèle de tumeur du colon chez la souris, tumeurs qu’ils ont infectées ou non par cet E. Coli. Il s’avère alors que les tumeurs infectées sont résistantes à la gemcitabine, et que cette résistance est effacée par un traitement antibiotique à base de Ciprofloxacine.

Enfin, en examinant une centaine de prélèvements d’adénocarcinome du pancréas, un cancer dans lequel la gemcitabine est une drogue de choix, les auteurs ont pu retrouver la présence de bactéries dans 76% d’entre eux, bactéries possédant majoritairement l’enzyme capable de transformer la gemcitabine en drogue inactive. D’un autre coté, en étudiant des pancréas sains issus de donneurs, seulement 15% des organes contenait des bactéries.

Collectivement, ces résultats indiquent le possible d’un rôle de bactéries intra-tumorales dans la chimiorésistance, et ouvre la voie à des thérapies combiné antibiotique-chimiothérapie, au moins dans les adénocarcinomes pancréatiques.

1. Geller LT, Barzily-Rokni M, Danino T, Jonas OH, Shental N, Nejman D, et al. Potential role of intratumor bacteria in mediating tumor resistance to the chemotherapeutic drug gemcitabine. Science. 15 sept 2017;357(6356):1156‑60.

2. Klemm F, Joyce JA. Microenvironmental regulation of therapeutic response in cancer. Trends Cell Biol. avr 2015;25(4):198‑213.

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