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Les atteintes extra hépatiques du virus de l’hépatite C : un concept revisité


L’infection par le virus de l’hépatite C est fréquente et touche 250 000 personnes en France et 150 à 180 millions personnes dans le monde. Il s’agit d’une maladie qui devient chronique chez 70% des patients infectés. La cible principale de cette infection est le foie, à l’origine des complications hépatiques que sont la fibrose, la cirrhose puis le cancer du foie. Toutefois, des données récentes ont bien objectivé les nombreuses atteintes extra-hépatiques liées au virus C et leur impact sur la morbi-mortalité.

Des atteintes extra hépatiques dues à une maladie virale chronique Depuis 15 ans et encore plus récemment lors de ces 5 dernières années, plusieurs atteintes dites extra hépatiques liées à l’infection par le virus C ont été identifiées. Ces dernières sont elles-mêmes associées à un excès de morbi-mortalité non hépatique. Il existe plusieurs types d’atteintes extra hépatiques. Les premières qui ont été décrites sont les atteintes d’origine immunologiques, qui sont les plus graves. Il s’agit des vascularites cryoglobulinémiques qui sont des affections entrainant la production d’une protéine particulière appelée cryoglobuline. Cette immunoglobuline pathologique entraine une inflammation des vaisseaux de petit calibre présents dans l’ensemble de l’organisme et génère des atteintes cutanées, digestives, articulaires, rénales et neurologiques en fonction du territoire touché par cette vascularite. Les atteintes cardiovasculaires regroupent les atteintes vasculaires cérébrales ischémiques (type AVC), les cardiopathies ischémiques, les cardiomyopathies dilatées et l’insuffisance rénale d’origine vasculaire. Il existe un sur-risque d’évènement vasculaire cérébral ischémique de 2 à 3 chez un patient porteur de virus C par rapport aux groupes témoins non infectés. Le sur-risque existe également dans le cas des cardiopathies ischémiques et des cardiomyopathies dilatées. Par ailleurs, l’infection chronique par le VHC est associée à une augmentation de la prévalence des anomalies du métabolisme glucidique, incluant l’insulino-résistance et le diabète. Les patients porteurs de virus C présentent un sur-risque de développer un diabète de type 2 en comparaison à ceux infectés par le virus B ou à des sujets non infectés. Ce sur-risque expose ces patients via le diabète à un sur-risque cardiovasculaire déjà connu. Il existe également un sur-risque de lymphoproliférations B malignes chez les patients VHC qui sont dans 2 cas sur 3 de bas grade. Altération de la qualité de vie du patient Les patients VHC sont sujets à des troubles cognitifs et souffrent dans 50 à 70% cas d’une fatigue, avant tout traitement. Jusqu’à 30 % des patients se plaignent de phénomènes dépressifs selon les critères internationaux (DSM IV) et les scores de qualité de vie (dont SF-36) indiquent une détérioration de la qualité de vie physique et mentale. Les traitements antiviraux à action directe, une piste solide pour faire face aux manifestations extra hépatiques Les nouveaux traitements antiviraux à action directe (AAD), sans interféron ni ribavirine, sont administrés par voie orale. Avec une durée de traitement de 8 à 12 semaines, la combinaison de traitements par AAD permet d’obtenir une guérison chez 90 à 100 % des patients, avec une très bonne tolérance (effets secondaires bénins chez moins de 10 % de patients). Ces nouveaux anti-viraux permettent donc une éradication virale chez la plupart des patients, et du fait de leur bonne tolérance ne provoquent pas, par eux-mêmes et contrairement à l’interféron, de manifestations extra hépatiques. De plus, pour une grande partie des manifestations extra hépatiques il est rapporté après éradication virale une diminution des sur-risques décrits plus haut et une amélioration de la qualité de vie.

Tenant compte du recul de près de 3 ans d’utilisation de ces nouveaux AAD, les manifestations extra hépatiques déclenchées par des phénomènes inflammatoires viro-induits chez les patients infectés par le virus C apparaissent pour certaines réversibles.

Cela ouvre des perspectives prometteuses dans la prise en charge de l’infection virale C et de ses complications hépatiques et non hépatiques.

Références : Cacoub P, et al. Les atteintes extra hépatiques du virus de l’hépatite C : un concept revisité. Rev Med Interne (2015), http://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2015.10.347

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