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Régime méditerranéen et sclérose en plaques

De nombreuses questions se posent quant au rôle potentiel de l'alimentation dans la communauté de la SEP. De plus, le niveau de preuves de l’impact d’un régime alimentaire de style méditerranéen dans la progression de la SEP reste limité et la faisabilité de mener des études à l'aide d'outils pédagogiques pour réaliser ce type d'intervention et étudier ses effets est encore inconnue.

L’objectif de cette étude était d’évaluer la faisabilité des essais cliniques utilisant une intervention éducative alimentaire dans la SEP (atteinte de l'inscription cible dans le délai spécifié, l'adhésion et l'achèvement de l'étude…) et d’explorer les effets d'une intervention alimentaire méditerranéenne modifiée dans la SEP.

36 patientes ont été suivies durant 9 mois et ont été assignées au hasard à suivre / ne pas suivre l'intervention alimentaire méditerranéenne modifiée, prescrite pendant 6 mois, et, dispensée par le biais de sessions éducatives.

Ce régime incluait la consommation de poisson et d'autres aliments riches en graisses poly- et monoinsaturées, fruits frais, légumes et grains entiers et a éliminé la viande, les produits laitiers et la plupart des aliments transformés et à limiter la consommation de sel à <2 g / jour.


Les résultats ont démontré une atteinte de l’inscription cible, une excellente adhérence (90.3%) et un taux d’achèvement à 94.4% au cours de cette étude. De plus, on observe, dans le groupe ayant suivi l’intervention alimentaire, une diminution significative des scores de fatigue neurologique, NFI-MS (p=0.01) et de la progression, score EDSS (p=0.01). Il est également noté une tendance dans la réduction MSIS-29, significative après extraction de valeurs aberrantes (p=0.12; p=0.023), en comparaison au groupe contrôle.

Cette étude pilote met en évidence la faisabilité d’une étude évaluant le rôle d’une intervention diététique dans la SEP, et, la possibilité de la réaliser uniquement par le biais de l'éducation dans un contexte clinique avec des niveaux d'adhésion élevés malgré des exigences restrictives. D’autres études seront nécessaires pour évaluer l’impact réel d’une intervention alimentaire méditerranéenne modifiée sur la fatigue, et l’évolution des symptômes de la SEP.



Le point de vue du Pr Jérôme De Sèze


Cette étude a l’avantage de présenter un réel groupe contrôle, ce qui n’est pas forcément le cas dans les études antérieures évaluant le rôle d’une intervention éducative alimentaire sur l’évolution de la SEP. Elle est également réalisée auprès de personnes uniquement de sexe féminin, renforçant ainsi l’homogénéité des résultats observés. En effet, au vu des différences observées entre l’homme et la femme atteints de la SEP, L’analyse des résultats sur un groupe mixte aurait pu être compliqué. De plus, cette étude pilote s’intéresse au régime dit méditerranéen. Elle met ainsi en avant le bénéfice d’un régime non délétère c’est-à-dire faisable, non drastique, homogène et qui n’implique pas de pertes protéiques.


Cette étude possède néanmoins quelques limites et en particulier, son effectif qui reste très léger. De plus, le suivi régulier de ces patientes suivant ce régime méditerranéen implique des sessions éducatives régulières au cours de ces six mois. Ces sessions éducatives pourraient en elles-mêmes avoir un impact sur le déroulement et le suivi de cette étude et de ce fait, éventuellement sur l’évaluation de la faisabilité. Il aurait été ainsi intéressant d’examiner les conséquences de telles sessions éducatives régulières au cours de cette étude via la réalisation d’un cross-over, à savoir une inversion à un temps donné des deux types d’interventions éducatives alimentaires suivant les groupes.


Les résultats observés ici mettent en évidence la faisabilité de ce type d’étude et démontrent, d’ores et déjà, une réduction significative de la manifestation de symptômes associés à la SEP. En effet, cette étude démontre un impact de l’intervention éducative alimentaire sur la diminution significative des scores de fatigue neurologique (NFI-MS) et des scores de progression (score EDSS) en comparaison du groupe contrôle. Ces résultats sont assez surprenants au vu du faible nombre de patient mais également, en comparaison aux études antérieures ayant traité de ce sujet, aussi peu nombreuses soient elles (études sur les régimes sans gluten, microbiote & SEP, ou autres rapports de cas cliniques sur le lien entre nutrition et SEP).

Néanmoins, cette étude pilote est tout à fait encourageante et pourraient mettre en avant l’apport d’une alimentation méditerranéenne, en association à un traitement médicamenteux, dans le contrôle des manifestations cliniques de la SEP.


Cette étude est importante pour les spécialités concernées (neurologie, gastro-entérologie, l’endocrinologie et bien sur la diététique) car c’est un premier pas dans les réponses aux nombreuses questions posées sur le rôle de l’alimentation dans l’évolution de la SEP. Questions que nous posent aussi régulièrement les patients.





Randomized-controlled trial of a modified Mediterranean dietary program for multiple sclerosis.

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