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PURE : Graisses, sucres et légumes verts


L’équipe de Salim Yusuf (Hamilton, Ontario, Canada) a présenté deux études intéressantes sur le lien entre risque cardio-vasculaire et alimentation. A. Mente a d’abord présenté les résultats concernant les fruits, légumes verts, et légumes secs de l’étude PURE (Prospective Urban Rural Epidemiology).

L’étude a porté sur plus de 135.000 patients répartis sur les 5 continents, y compris des pays appelés pudiquement « non riches » où les données manquent fréquemment. La recommandation habituelle est de manger au moins 5 parts de fruits et légumes par jour soit au moins 400 g/j. Les patients enrôlés ont fait l’objet d’une enquête par questionnaire alimentaire adapté à chaque pays, un recueil exhaustif de tous les facteurs confondants possible a été effectué, et toutes les données présentées ont été corrigées pour ces nombreux facteurs confondants recueillis.

Le critère d’évaluation est la somme des décès cardio-vasculaires, infarctus, AVC et insuffisance cardiaque, ainsi que la mortalité globale. Le suivi médian est de 7.4 ans. Tous les patients inclus étaient sans pathologie cardio-vasculaire connue à l’entrée dans l’étude.

L’étude montre une réduction de mortalité avec un risque ajusté à 0.78 pour 3 à 4 parts par jour, mais pas d’impact sur les MACE. Pour les fruits seuls, la mortalité est réduite avec un RR à 0.79 pour un à deux fruits par jour sans impact sur les MACE. On note quand même une tendance non significative à moins de MACE en augmentant les prises de fruits. Pour les légumes, on note une mortalité à 0.90 pour 1 à 2 légumes par jour, aucun impact sur les MACE. Pour les légumes crus, le RR de mortalité est à 0.86 pour un légume par semaine sans impact sur les MACE. Pour les légumes cuits, le RR de mortalité est à 0.86 pour 1 à 2 légumes par jour sans impact sur les MACE. Pour les légumes secs, le RR de mortalité est à 0.80 pour une part par semaine, et on note une réduction des MACE de 14% pour 1 à 3 parts par semaine.

Cette partie de PURE valide donc un impact des fruits et légumes sur la mortalité, mais sans gros effet sur les MACE. Le bénéfice passe donc par d’autres effets mais il est impossible pour l’instant de savoir lesquels faute de données suffisantes. Cela montre également que faute d’ajustements suffisants pour les nombreux facteurs de confusion, le bénéfice a été nettement surestimé dans les études antérieures.

M. Dehghan (même équipe) a ensuite présenté les résultats concernant les graisses et les hydrates de carbone. En moyenne dans cette étude les graisses représentent 20% de l’apport calorique journalier, avec des variations selon les pays. Les graisses saturées participent pour 8% des calories. Les hydrates de carbone représentent 60% des apports caloriques journaliers avec là aussi des variations selon les pays et continents. On observe une réduction de la mortalité au prorata des graisses consommées, avec un RR à 0.77 pour au moins 35% des calories par les graisses. A l’inverse, les hydrates de carbone augmentent la mortalité avec un RR à 1.28 pour plus de 77% des calories liées à leur consommation. Il n’y a pas d’impact sur les MACE. Cette réduction de mortalité par les graisses est vraie qu’elles soient saturées, mono-insaturées ou polyinsaturées, et là encore sans impact sur les MACE. Le calcul statistique implique que remplacer 5% des calories journalières des hydrates de carbone par des graisses polyinsaturées se traduirait par une réduction de mortalité significative de 11%. Cette deuxième partie d’étude est en accord avec d’autres études nutritionnelles récentes et prouve que l’on a affamé nos patients pendant longtemps, et qu’ils peuvent manger du fromage et de la charcuterie sans problème. La réduction de mortalité n’est pas liée à un bénéfice cardio-vasculaire et passe par d’autres voies. La montée en puissance des données de PURE au fil du temps permettra, espérons-le, de lever le voile.

Notre avis : exercice impeccable de l’équipe de Yusuf, mais il ne doit pas faire oublier que dans beaucoup de parties du monde, le luxe de choisir son alimentation est assez abstrait, et la survie est le seul critère.

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